Si on vous demande d’écrire
sur une personne, un animal, un lieu, un évènement ou tout autre chose qui vaut la peine d’être écrite, je ne pense
pas que cela pose un problème. À moins bien sûr d’être analphabète, aveugle ou manchot des deux bras.
Le danger pour un être
normalement anormal, c’est lorsque d’autres personnes anormalement normales vous
demandent sur un ton normal, mais avec des intonations anormales, d’écrire un texte sur une chaise. Qui, pour
parfaire la situation étrangement anormale, est bleue. Oui, une chaise ne vous en déplaise qui serait de couleur azuréenne.
Oui, cela existe… et pas seulement chez les touaregs. Si, si !
Une chaise déjà, au départ
est quelque chose d’assez terne, serviable mais terne. Du genre con-con. Elle reste où on la pose et de temps en temps
quelqu’un se pose sur elle. Elle passe sa vie de chaise à se faire asseoir dessus. Sans rien dire, jusqu’au jour
où elle devient bancale. Et là… Patatras !
La chaise est donc passive.
Disons-le donc avec franchise et lucidité la chaise est con. Même très con.
Regardez la chaise électrique,
qui au passage est aussi con que la chaise normale qui n’est pas abonnée à l’EDF. La chaise létalement autorisée dans le pays juste en face du nôtre est carnivore, jamais elle ne grille un légume ou un fruit.
Pourquoi ? Sans raison. Atavisme.
La chaise à porteur. Quoi
de plus con qu’une chaise à porteur. Quatre pieds et quatre bras qui ne lui servent pas. Une personne seule ne peut
pas s’en servir. C’est d’ailleurs ce qui l’a tuée. On a arrêté la production. Elle n’a pas cherché
à changer. Pourquoi ? Atavisme.
Enfin, ne soyons pas trop
méchant, reconnaissons qu’elle est utile malgré sa tare. Mais bon, elle en tient une couche. En l’occurrence celle
dont je vais vous parler, en tient une couche bleutée. Ce qui n’arrange pas les choses. Elle aurait été verte, il y
aurait eu quand même un peu d’espoir.
En fouillant un peu dans
l’histoire des grands de ce monde on note que certaines chaises bleues ont été présentes lors de grands évènements mondiaux.
Abraham Lincoln, qui lors
de son investiture pré-bushienne, préparait son discours pour la même investiture butait sur sa phrase introductive. Devait-il
commencer par : Mes Chers Amis ou concitoyens. Américains, Américaines… On n’était ni au Japon, ni au Guatémala,
cela faisait un peu con. Il osa un : Connards, Connardes et rit dans sa
barbe. La première fois d’ailleurs. Le Lincoln adulte ne rit jamais, ce n’est pas sa vocation. Et là…
Il se leva et regarda
autour de lui et son regard noir se posa sur la chaise qu’il venait de quitter. Putain ! s’exclama t-il.
En fait, il dit « damned », mais pour des oreilles hexagonales vous comprendrez et excuserez la traduction un peu
osée.
La chaise d’où il
avait extrait son séant presque présidentiel était grise. Lui était noir complet.
Son costard, son chapeau étaient noir. Même sa barbe s’était mis à la couleur ambiante. Pour clore la noircitude, ses
idées étaient charbonneuses.
Une chaise grise est la
chose la plus terne que l’on puisse imaginer. Je vous laisse imaginer l’ambiance, du noir à profusion plus du
gris enchaisé. Encore heureux qu’il ne soit pas appelé Obama le baraqué ! Il se dit qu’il ne pourrait jamais
faire quoique ce soit de clair dans ce contexte. Il appela son peintre-chaisier personnel qui venait juste d’être embaucher.
Ce dernier venait à peine d’essayé d’acheter ses fournitures. Mais vu que le budget pour ses services n’avait
pas encore été voté, il avait dû se fournir dans son atelier personnel. Etant boulanger de son état, il n’avait rien
de bien conforme à sa nouvelle fonction. Le hasard faisant bien les choses, sa femme venait de mettre au monde son héritier
et la caisse qui faisait office de berceau étant d’une couleur douteuse et pisseuse, méritait une couleur plus adéquate.
Par bonheur son voisin direct qui était bouilleur de cru pigmentaire, pu lui prêter (le bouilleur de cru pigmentaire washingtonien
n’est pas donneur) un fond de peinture bleue.
Donc, la chaise fut repeinte
en bleu. Aby, excusez la familiarité mais Abraham pour un boss américain cela
ne fait pas vraiment couleur locale. Il aurait exercé ses fonctions dans un coin plutôt sablonneux, moyen et du côté oriental,
je dis pas ! Mais là à côté du Poppotomac, c’est un peu too much.
Finalement, le décor devint
légèrement moins tristounet et il décida que, vu qu’il était un mec avec des pouvoirs, il serait très con de faire ses
laïus lui-même. Mark Twain passant par là, il le recruta, en disant : « Oncle Sam needs you ».
Marat avait également
une chaise bleue que lui avait offerte Danton, qui ne l’aimait pas vraiment. Un
cadeau empoisonné en quelque sorte.
Charlotte Corday s’en
servit juste avant de lui frotter le dos dans son bain. Mais la Charlotte était assez myope, 0,5 aux deux yeux et
carrément non-voyante des neurones. La reine des salles de bain citoyen, croyant prendre la brosse à frotter les dos, prit
le couteau à saucisson qui se trouvait à côté. Marat qui était assez bordélique mettait les choses un peu n’importe
où. Mais il adorait la rosette.
Vous devez penser que
je n’ai pas vraiment la chaise, même la chaise épiscopale, en odeur de sainteté. J’avoue, cela est vrai. Mais
je bémoliserai, car il est une chaise pour laquelle j’ai une petite tendresse. Eh, oui ! Ca vous laisse le cul
sur une chaise sans pieds, non ?
C’est la chaise
de jardin. Celle qui se plie aux intempéries et aux circonstances. Pas encombrante, pas fière. Faite de bois et de ferraille.
Aéré pour évacuer les séants non-conformistes. Aucunement lèche-culs. Chez elle pas de confort. Ceux qui la chevauchent si
je puis dire, ne sont pas des personnes qui ne s’assoient que pour le plaisir d’une assistance confortable. C’est
tout simplement par amour.
Attention pas la verte,
celle qui est imitée dans tous les coins de notre ronde planète. Soi-disant pour s’intégrer dans l’environnement
rural ou assimilé. Voyons, ne gênons pas l’ambiance chlorophyllée !
Non, celle qui au mépris
des convenances et pour faire chier les bien-pensants s’est drapée d’un bleu à faire pâlir la méditerranée. Une
rebelle en somme. La Che Guevara du mobilier postérieural. Parle
à mon siège mon dossier t’emmerde.
C’est de celle-là
que je voulais vous causer.
Dixit Bianchimani